Un afflux de fidèles sur la tombe de «Franciscus», six mois après sa disparition

Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, lieu de sépulture du Souverain pontife argentin, de nombreux pèlerins rendent hommage à François qui reste, pour beaucoup d’entre eux, le Pape qui se fit proche des personnes les plus vulnérables. L’archiprêtre de la basilique libérienne, le cardinal Makrickas, note également combien «les gens sont attirés par sa joie de vivre l'Évangile avec authenticité».

 

Benedetta Capelli e Daniele Piccini – Roma (Vatican News)

Benedetta Capelli et Daniele Piccini – Rome

Malgré un ciel plombé sur Rome et une pluie matinale, ils n’ont pas manqué de faire la queue pour entrer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, afin de se recueillir devant la tombe de François, six mois exactement après sa disparition. Entre la chapelle Pauline et la chapelle Sforza, la sépulture blanche, dominée par la reproduction de la croix pectorale du Pape argentin, accueille les prières et les supplications de ceux qui ont senti François à leurs côtés pendant plus de 12 ans de pontificat. «Proximité» est le mot que les pèlerins répètent lorsqu'ils parlent de lui ; «simplicité» est l'autre pilier de son magistère.

L'Évangile dans son authenticité

La file des fidèles qui veulent franchir la Porte Sainte et prier devant la tombe de François commence tôt le matin. «Le flux des pèlerins n'a jamais diminué et pendant le Jubilé des jeunes en août dernier, nous avons atteint les 100 000 présences en seulement quatre jours», explique l'archiprêtre de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Des chiffres impressionnants, mais ce qui frappe le cardinal Rolandas Makrickas, c'est la dévotion et l'admiration «pour une vie vécue selon l'Évangile et qui a touché tant de cœurs». «Les gens sont attirés par la joie de vivre l'Évangile dans son essence, avec authenticité, ils ont vu dans le Pape François la manière de le mettre en pratique, avec des paroles et des gestes clairs». Même dans la simplicité de sa tombe, souligne le cardinal, ils reconnaissent sa vie.

«Marie, regarde-moi !»

«Beaucoup de gens, affirme l'archiprêtre, demandent où se trouve la chapelle où le Pape François priait. Pour moi, c'est un héritage très précieux pour l'Église, car sa vie de prière, d'apostolat, de mission, a enseigné aux gens à se rapprocher de la Mère de Dieu et surtout de la Salus Populi Romani». Jorge Mario Bergoglio s'est agenouillé 126 fois pour prier devant la Vierge, avant et après ses nombreux voyages apostoliques. «Ses prières, se souvient le cardinal Makrickas, étaient simples. Il m'a dit un jour qu'il ne venait pas pour regarder le visage de Marie, mais pour se laisser regarder par elle, pour contempler sa vie et inspirer ses pensées». «Le désir d'être regardé par la Mère de Dieu, conclut le cardinal, conduit en effet à mieux connaître la volonté de son fils Jésus».

L'amour pour les plus démunis

En milieu de matinée, le groupe venant de la paroisse Sant'Ambrogio di Vignate, dans la province de Milan, accompagné du maire adjoint, devient de plus en plus nombreux. Il se dirige lentement vers les points de contrôle. La plupart sont des retraités, emmitouflés dans des K-way pour se protéger de la pluie. Nadia est une grand-mère et, au nom du Pape François, une lueur d'émotion se lit dans son regard. Elle se souvient que leur pèlerinage jubilaire avait été décidé avant la mort du Pape, mais que le Saint-Esprit choisit toujours la bonne personne au bon moment. «J'ai toujours été frappée par l'attention que le Pape François portait aux plus démunis, par la charité qui en découlait. Il a beaucoup démontré par ses actes, car les paroles, on en dit beaucoup». Giorgio fait également partie du même groupe et, parlant de François, il dit que c'était «un grand Pape». «Il était une présence constante dans la vie quotidienne», affirme Matteo, qui se définit comme peu pratiquant. Il s'abrite sous un parapluie clair avec Lorella, qui, comme lui, est informaticienne de profession. Pour elle, «simplicité» est le mot qui caractérise le mieux le Pape François: simple dans son approche, dans ses gestes et dans sa vie

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La paternité de François

L’évêque copte Antonios Aziz Mina, chanoine de la basilique papale, marche rapidement. Il a les yeux bleus profonds et répond volontiers aux questions sur le Pape venu «de l’autre bout du monde». «Je l'ai accompagné plusieurs fois dans la chapelle de la Salus Populi Romani lorsqu'il se recueillait devant la Vierge, encourageant tout le monde à réciter le Rosaire et à ressentir la maternité de Marie». Le prélat raconte l'hommage que rendent souvent les nombreux fidèles argentins qui ont considéré et considèrent, comme lui, le Pape François comme un père. Pour Mgr Mina, c'est «la chose la plus touchante de sa personnalité».

Les périphéries existentielles

Sofia et Marco sont deux étudiants universitaires. Ils ont grandi en regardant le Pape François à la télévision et Marco n'oublie pas l'attention que le Souverain pontife accordait aux jeunes et à la nature. Sofia, quant à elle, le porte dans son cœur pour son «Buonasera» (bonsoir), prononcé depuis la Loggia delle Benedizioni, une salutation sans fioritures. Giuliana, qui est italo-brésilienne, raconte qu'elle se rend souvent sur la tombe de Sainte-Marie-Majeure pour se sentir plus proche et trouver la paix. Don Johannes, curé du diocèse allemand de Trèves, et le père Emmanuel, qui guide un groupe de Bruxelles, s'accordent tous deux sur le regard nouveau que François a porté sur les périphéries existentielles et matérielles. «C'est magnifique, raconte le père Emmanuel, de commencer notre pèlerinage près de lui et près de Marie pour marcher avec Jésus en cette Année Sainte ».

Presque à la sortie de la basilique, Estela s'approche, elle sourit beaucoup, c'est la première fois qu'elle vient à Rome et elle est frappée par tant de beauté. Elle est mexicaine mais vit aux États-Unis. «Pour moi, le Pape François est un ange magnifique, je l'aime beaucoup, il m'a toujours impressionnée par le fait qu'il voyait tout le monde de la même manière, que vous soyez jaune, noir, homme ou femme, pour lui, tout le monde était égal, comme nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu». Il ne pleut plus, un timide soleil fait son apparition, les pèlerins rangent leurs parapluies et leurs imperméables, continuent à faire la queue, déterminés à rendre hommage au Pape François en lui apportant en cadeau leurs souvenirs, leurs préoccupations et leurs pensées, mais surtout leurs prières sincères.

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22 octobre 2025